Page:Verne - Famille-sans-nom, Hetzel, 1889.djvu/231

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« Monsieur Rip, dit-il, celui que vous cherchez n’est point à la ferme de Chipogan. Thomas Harcher vous en a donné l’assurance, et je vous la réitère à mon tour. Vous n’avez donc que faire ici, et vous auriez mieux fait de garder en poche ce regrettable document. Croyez-moi, monsieur Rip, vous seriez bien avisé en ne nous imposant pas plus longtemps votre présence !

— Bien, Nicolas Sagamore ! s’écria Lionel.

— Oui !… Retirez-vous… à l’instant ! reprit le fermier, dont la voix tremblait de colère. Jean-Sans-Nom n’est pas ici ! Mais qu’il vienne me demander asile, et, malgré les menaces du gouverneur, je le recevrai… Maintenant, sortez de chez moi !… Sortez !…

— Oui !… Oui !… Sortez !… répéta Lionel, dont maître Nick eût vainement essayé de calmer l’exaspération.

— Prenez garde, Thomas Harcher ! répondit Rip. Vous n’aurez pas raison contre la loi ni contre la force qui est chargée de l’appuyer ! Agents ou volontaires, j’ai cinquante hommes avec moi… Votre maison est cernée…

— Sortez !… Sortez !… »

Et ces cris s’élevaient unanimement, en même temps que des menaces directes contre Rip.

« Je ne sortirai qu’après avoir constaté l’identité de toutes les personnes présentes ! » répondit Rip.

Sur un signe de lui, les agents, groupés dans la cour, se rapprochèrent de la porte, prêts à pénétrer dans la salle. À travers les fenêtres, M. et Mlle de Vaudreuil apercevaient les volontaires, disposés autour de la maison.

En prévision d’une collision imminente, les enfants et les femmes, à l’exception de Mlle de Vaudreuil et de Catherine, venaient de se retirer dans les chambres voisines. Pierre Harcher, ses frères et ses amis, avaient décroché leurs armes suspendues aux murs. Et, pourtant, si inférieurs par le nombre, comment pourraient-ils empêcher Rip d’accomplir son mandat ?

Aussi M. de Vaudreuil, allant de fenêtre en fenêtre, cherchait à voir