Page:Verne - Famille-sans-nom, Hetzel, 1889.djvu/68

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Sous les coups du typhon hurlant,
Et que dans les agrès tu glisses,
Comme un lumineux goéland !

Et l’union serait complète,
Si le destin, un jour, voulait
Que je pusse, comme il me plaît,
Naître avec toi, flamme follette,
Mourir avec toi, feu follet !

« Ah ! très bien cela ! s’écria maître Nick. Voilà une fin qui me va ! Ça peut se chanter :

Flamme follette,
Feu follet !

— Qu’en dites-vous, monsieur ?

— Monsieur, répondit le voyageur, tous mes compliments à ce jeune poète, et puisse-t-il avoir le prix de poésie au concours de la Lyre-Amicale. Quoiqu’il arrive, ses vers nous auront fait passer quelques moments agréables, et jamais voyage ne m’aura paru si court ! »

Lionel, extrêmement flatté, but à même cette coupe de louanges que lui tendait le jeune homme. Au fond, maître Nick était très satisfait des éloges adressés à son jeune clerc.

Pendant ce temps, le stage avait marché d’un bon pas, et onze heures sonnaient à peine, lorsqu’il atteignit la branche septentrionale du fleuve.

À cette époque, les premiers steam-boats avaient déjà fait leur apparition sur le Saint-Laurent. Ils n’étaient ni puissants ni rapides, et rappelaient plutôt par leurs dimensions restreintes ces chaloupes à vapeur, auxquelles on donne maintenant en Canada le nom de « tug-boat » ou plus communément de « toc. »

En quelques minutes, ce toc eut transporté maître Nick, son clerc et le voyageur à travers le cours intermédiaire du fleuve, dont les eaux verdâtres se mêlaient aux eaux noires de la rivière Outaouais.