Page:Verne - Famille-sans-nom, Hetzel, 1889.djvu/80

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— À coup sûr, monsieur de Vaudreuil, et remarquez que je ne suis pas prêt d’en avoir fini avec les actes qui la concernent.

— Eh bien, monsieur Nick, dit Clary, il est probable que nous vous retrouverons à la ferme de Chipogan. Thomas Harcher a tellement insisté pour que nous assistions au mariage de sa fille, que mon père et moi, si rien ne nous retient à la villa Montcalm, nous voulons lui faire ce plaisir !…

— Et ce sera m’en faire un aussi ! répondit maître Nick. N’est-ce pas une joie pour moi de vous voir ? Je n’ai qu’un reproche à vous faire, mademoiselle Clary.

— Un reproche, monsieur Nick.

— Oui ! c’est de ne me recevoir ici qu’à titre d’ami, et de ne jamais me faire appeler comme notaire ! »

La jeune fille sourit à l’insinuation, et, presque aussitôt, ses traits reprirent leur gravité habituelle.

« Et pourtant, fit observer M. de Vaudreuil, si ce n’est pas comme ami, mon cher Nick, c’est comme notaire que vous êtes venu aujourd’hui à la villa Montcalm ?…

— Sans doute !… sans doute… répondit maître Nick, mais ce n’est pas pour le compte de mademoiselle Clary !… Enfin, cela arrivera ! Tout arrive ! — À propos, monsieur de Vaudreuil, j’ai à vous prévenir que je ne suis pas venu seul.

— Quoi, maître Nick, vous avez un compagnon de route, et vous le laissez attendre dans l’antichambre ?… Je vais donner l’ordre de le faire entrer…

— Non !… non !… ce n’est pas la peine ! C’est mon second clerc, tout simplement… un garçon qui fait des vers, — a-t-on jamais vu cela ? — et qui court après les feux follets ! Vous figurez-vous un clerc-poète ou un poète-clerc, mademoiselle Clary ! Comme je désire vous parler en particulier, monsieur de Vaudreuil, je lui ai dit d’aller se promener dans le parc…

— Vous avez bien fait, maître Nick. Mais il faudrait faire rafraîchir ce jeune poète.