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fois à la goëlette des différences de niveau de vingt mètres. La Dobryna, moins lourde aussi, depuis la décroissance de l’attraction, s’enlevait avec plus de facilité, et, franchement, si le capitaine Servadac eût été sujet au mal de mer, il aurait été bien malade dans de telles conditions !

Cependant, ces dénivellations ne se produisaient pas brusquement, car elles n’étaient dues qu’à une sorte de houle très allongée. Aussi, la goëlette ne fatiguait pas plus, en somme, que si elle eût été soumise à l’attraction des lames ordinairement si courtes et si dures de la Méditerranée. Le seul inconvénient du nouvel état de choses était surtout une diminution de la vitesse normale de l’embarcation.

La Dobryna suivait, à une distance de deux à trois kilomètres environ, la ligne qu’aurait dû occuper le littoral algérien. Il n’y avait aucune apparence de terre dans le sud. Bien que le lieutenant Procope ne fût plus à même de relever la situation de la goëlette par l’observation des planètes, dont les positions respectives étaient troublées, et quoiqu’il ne pût faire son point, c’est-à-dire obtenir sa longitude et sa latitude en calculant la hauteur du soleil au-dessus de l’horizon, puisque le résultat de son calcul n’aurait pu être reporté utilement sur des cartes établies avant le nouveau système cosmographique, cependant, la route de la Dobryna pouvait être relevée d’une manière assez approximative. D’une part, l’estime du chemin parcouru