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que possible à ce que les servants n’aient pas le bras emporté !

— Autant que possible, » répondit le caporal, qui ne voulait pas s’engager plus qu’il ne convenait.

Des nombreuses pièces qui garnissaient autrefois le fort, il ne restait plus qu’un gros canon se chargeant par la bouche, du calibre de vingt-sept centimètres. C’était donc un énorme engin, et, bien que les saluts fussent ordinairement faits par des bouches à feu de moindre dimension, il fallait bien employer ce canon, puisqu’il formait, à lui seul, toute l’artillerie de l’îlot.

Le caporal Pim, après avoir prévenu ses hommes, se rendit au réduit blindé, qui laissait passer la volée de la pièce par une embrasure oblique. On apporta les gargousses nécessaires pour les vingt et un coups d’usage. Cela va sans dire, ils ne devaient être tirés qu’à poudre.

Le brigadier Murphy et le major Oliphant, en grande tenue et le chapeau à plumes sur la tête, vinrent assister à l’opération.

Le canon fut chargé suivant toutes les règles du Manuel de l’artilleur, et les joyeuses détonations commencèrent.

Après chaque coup, suivant la recommandation qui lui avait été faite, le caporal veillait à ce que la lumière fût soigneusement bouchée, afin d’empêcher que le coup, partant intempestivement, ne changeât les bras des refouleurs en projectiles, — phénomène qui se pro-