Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/16

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cette époque, il remplissait les fonctions d’officier d’état-major à la subdivision de Mostaganem. Spécialement chargé de travaux topographiques sur cette portion de littoral comprise entre Tenez et l’embouchure du Chéliff, il habitait un gourbi qui l’abritait tant bien que mal. Mais il n’était pas homme à s’inquiéter de si peu. Il aimait à vivre en plein air, avec toute la somme de liberté qu’un officier peut avoir. Tantôt arpentant à pied les sables de la grève, tantôt parcourant à cheval les crêtes dont il était chargé.

Cette vie, à demi indépendante, lui allait. D’ailleurs, ses occupations ne l’absorbaient pas au point qu’il lui fût interdit de prendre le chemin de fer deux ou trois fois par semaine, et de figurer, soit aux réceptions du général à Oran, soit aux fêtes du gouverneur à Alger.

Ce fut même dans une de ses occasions que lui apparut Mme de L…, à laquelle était destiné le fameux rondeau dont les quatre premiers vers venaient seulement d’éclore. C’était la veuve d’un colonel, jeune femme, très-belle, très-réservée, un peu hautaine même, ne remarquant pas ou ne voulant pas remarquer les hommages dont elle était l’objet. Aussi le capitaine Servadac n’avait-il pas encore osé se déclarer. Il se connaissait des rivaux, et entre autres, on vient de le voir, le comte Timascheff. C’était même cette rivalité qui allait mettre les deux adversaires les armes