Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/191

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pas que si Gallia a la forme sphéroïdale, nous sommes ici très-près de ses régions arctiques, qui ne reçoivent que très-obliquement les rayons solaires. Certainement, la nuit n’y doit jamais être complète, comme aux pôles terrestres, puisque le soleil ne quitte pas l’équateur, grâce à la faible inclinaison de l’axe de rotation, mais le froid y sera probablement excessif, surtout si Gallia s’éloigne du centre de chaleur à une distance considérable.

— Lieutenant, demanda le capitaine Servadac, ne pouvons-nous craindre que le froid ne devienne tel à la surface de Gallia, qu’aucun être vivant ne puisse le supporter ?

— Non, capitaine, répondit le lieutenant Procope. À quelque distance que nous nous éloignions du soleil, le froid ne dépassera jamais les limites assignées à la température des espaces sidéraux, c’est-à-dire ces régions du ciel où l’air manque absolument.

— Et ces limites sont ?…

— Environ soixante degrés centigrades, suivant les théories d’un Français, le savant physicien Fourier.

— Soixante degrés ! répondit le comte Timascheff, soixante degrés au-dessous de zéro ! Mais c’est là une température qui paraîtrait insoutenable même à des Russes.

— De tels froids, reprit le lieutenant Procope, ont été déjà supportés par les navigateurs anglais dans les mers polaires, et, si je ne me trompe, à l’île Melville,