Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/198

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à des froids excessifs. La mer se congèlera alors, et la navigation ne sera plus possible. Or, vous savez quelles sont les difficultés d’un voyage à travers les champs de glace. Ne vaut-il pas donc mieux continuer cette exploration pendant que les eaux sont libres encore ?

— Tu as raison, Procope, répondit le comte Timascheff. Cherchons ce qui reste de l’ancien continent, et, si quelque morceau de l’Europe a été épargné, si quelques malheureux ont survécu, auxquels nous puissions venir en aide, il importe de le savoir avant de rentrer au lieu d’hivernage. »

C’était un sentiment généreux qui inspirait le comte Timascheff, puisque, dans ces circonstances, il pensait surtout à ses semblables. Et qui sait ? Songer aux autres, n’était-ce pas songer à soi ? Aucune différence de race, aucune distinction de nationalité ne pouvaient plus exister entre ceux que Gallia entraînait à travers l’espace infini. Ils étaient les représentants d’un même peuple, ou plutôt d’une même famille, car on pouvait craindre qu’ils ne fussent rares, les survivants de l’ancienne terre ! Mais, enfin, s’il en existait encore, tous devaient se rallier, réunir leurs efforts pour le salut commun, et, si tout espoir était perdu de jamais revenir au globe terrestre, tenter de refaire à cet astre nouveau une humanité nouvelle.

Le 23 février, la goëlette quitta cette petite crique où elle avait momentanément trouvé un refuge. En