Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/232

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-Zouf. Disons tout ! Pas de cachotteries ! Mais je veux me payer la vue d’Isac quand il apprendra qu’il se trouve à quelques centaines de millions de lieues de son vieux globe, où un usurier de sa trempe a dû laisser plus d’un débiteur ! Cours après, mon bonhomme ! »

Isac Hakhabut était à cinquante pas en arrière, et, par conséquent, il ne pouvait rien entendre de ce qui se disait. Il marchait, à demi courbé, geignant, implorant tous les dieux à la fois ; mais, par instants, ses deux petits yeux vifs lançaient des éclairs, et ses lèvres se serraient jusqu’à réduire sa bouche à ne plus être qu’un étroit rictus.

Lui aussi avait bien observé les nouveaux phénomènes physiques, et, plus d’une fois, il s’était entretenu à ce sujet avec Ben-Zouf, qu’il cherchait à amadouer. Mais Ben-Zouf professait une antipathie visible pour ce descendant dégradé d’Abraham. Il n’avait donc répondu que par des plaisanteries aux instances d’Hakhabut. Ainsi, il lui répétait qu’un être de sa sorte avait tout à gagner au système actuel, qu’au lieu de vivre cent ans, comme fait tout fils d’Israël qui se respecte, il en vivrait deux cents au moins, mais que, vu la diminution du poids de toute chose à la surface de la terre, le fardeau de ses vieilles années ne lui paraîtrait pas trop lourd ! Il ajoutait que si la lune s’était envolée, cela devait être indifférent à un avare de sa trempe, attendu qu’il n’était pas probable qu’il eût prêté dessus ! Il lui affirmait que si le soleil se