Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/235

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— Si le propriétaire la laisse exploiter, répondit le lieutenant Procope en hochant la tête.

— Eh ! lieutenant, que voulez-vous qu’Isac fasse de ces richesses ? Lorsqu’il saura qu’il n’y a plus ni Marocains, ni Français, ni Arabes à rançonner, il faudra bien qu’il s’exécute !

— Je n’en sais rien ! Mais, en tout cas, il voudra être payé de sa marchandise… quand même !

— Eh bien, nous le payerons, lieutenant, nous le payerons en traites sur notre ancien monde !

— Après tout, capitaine, reprit le lieutenant Procope, vous aurez bien le droit d’exercer des réquisitions…

— Non, lieutenant. Précisément parce que cet homme est Allemand, j’aime mieux agir avec lui d’une façon moins allemande. D’ailleurs, je vous le répète, bientôt il aura besoin de nous plus que nous n’aurons besoin de lui ! Lorsqu’il saura qu’il est sur un nouveau globe, et probablement sans espoir de retour à l’ancien, il fera meilleur marché de ses richesses !

— Quoi qu’il en soit, répondit le lieutenant Procope, on ne peut laisser la tartane à ce mouillage. Elle s’y perdrait au premier mauvais temps, et même elle ne résisterait pas à la pression des glaces, lorsque la mer se congèlera, — ce qui ne saurait tarder beaucoup.

— Bien, lieutenant. Vous et votre équipage, vous la conduirez au port du Chéliff.