Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/274

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cinq ou six kilomètres autour de la Terre-Chaude. C’était toujours l’horrible désert rocheux, sans trace de végétation. Quelques filets d’eau congelée, çà et là des plaques de neige, provenant des vapeurs condensées dans l’atmosphère, indiquaient l’apparition de l’élément liquide à sa surface. Mais que de siècles, sans doute, se passeraient avant qu’un fleuve eût pu creuser son lit dans ce sol pierreux et rouler ses eaux jusqu’à la mer ! Quant à cette concrétion homogène, à laquelle les Galliens avaient donné le nom de Terre-Chaude, était-ce un continent, était-ce une île, s’étendait-elle ou non jusqu’au pôle austral ? on ne pouvait le dire, et une expédition à travers ces cristallisations métalliques devait être considérée comme impossible.

Du reste, le capitaine Servadac et le comte Timascheff purent se former une idée générale de cette contrée, en l’observant un jour du sommet du volcan. Ce mont se dressait à l’extrémité du promontoire de la Terre-Chaude, et il mesurait environ neuf cents à mille mètres d’altitude au-dessus du niveau de la mer. C’était un énorme bloc, assez régulièrement construit, qui affectait la forme d’un cône tronqué. À la troncature même s’évasait l’étroit cratère par lequel s’épanchaient les matières éruptives que couronnait incessamment un immense panache de vapeurs.

Ce volcan, transporté sur l’ancienne terre, n’eût pas été gravi sans difficultés, sans fatigues. Ses pentes très-raides, ses déclivités fort glissantes ne se fussent