Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/301

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éraillure, la légère embarcation, enlevée par sa voile et courant vent arrière, ne filerait-elle pas avec une incomparable vitesse ? De plus, ce you-you pourrait être recouvert d’une sorte de toit en planche, doublé de forte toile. Il abriterait ainsi ceux qui le dirigeraient à l’aller et ceux qu’il ramènerait au retour. Garni de fourrures, de provisions diverses, de cordiaux, d’un petit fourneau portatif alimenté à l’esprit-de-vin, il serait dans les plus favorables conditions pour atteindre l’îlot et rapatrier les survivants de Formentera.

On ne pouvait rien imaginer de mieux et de plus pratique. Une seule objection était à faire.

Le vent était bon pour pointer au nord, mais quand il faudrait revenir au sud…

« N’importe, s’écria le capitaine Servadac, ne pensons qu’à arriver ! Ensuite, nous songerons à revenir ! »

D’ailleurs, ce you-you, s’il ne pouvait courir au plus près comme fait une embarcation soutenue contre la dérive par son gouvernail, arriverait peut-être à biaiser avec le vent dans une certaine mesure. Ses quilles de fer, mordant la surface glacée, devaient lui assurer au moins l’allure du largue. Il était donc possible, si le vent ne changeait pas au retour, qu’il pût louvoyer pour ainsi dire et gagner dans le sud. Cela, on le verrait plus tard.

Le mécanicien de la Dobryna, aidé de quelques matelots, se mit aussitôt à l’œuvre. Vers la fin de la jour-