Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/33

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— Ah ! mordioux ! s’écria le capitaine, j’allais l’oublier ! »

Et tirant sa montre :

« Qu’est-ce que tu dis donc, Ben-Zouf ? Tu es fou ! il n’est que deux heures à peine.

— Deux heures du matin, ou deux heures du soir ? » répondit Ben-Zouf en regardant le soleil.

Hector Servadac approcha la montre de son oreille.

« Elle marche, dit-il.

— Et le soleil aussi, répliqua l’ordonnance.

— En effet, à sa hauteur au-dessus de l’horizon….. Ah ! de par tous les crus du Médoc !….

— Qu’avez vous, mon capitaine ?

— Mais il serait donc huit heures du soir ?

— Du soir ?

— Oui ! Le soleil est dans l’ouest, et il est évident qu’il va se coucher !

— Se coucher ? Non pas, mon capitaine, répondit Ben-Zouf ! Il se lève bel et bien, comme un conscrit au coup de la diane ! Et voyez ! Depuis que nous causons, il a déjà monté sur l’horizon.

— Le soleil se lèverait maintenant dans l’ouest ! murmura le capitaine Servadac. Allons donc ! Ce n’est pas possible ! »

Cependant, le fait n’était pas discutable. L’astre radieux, apparaissant au-dessus des eaux du Chéliff, parcourait alors cet horizon occidental, sur lequel il avait tracé jusqu’alors la seconde moitié de son arc diurne.