Page:Verne - Hector Servadac, Tome 2.pdf/184

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sur cette surface unie, alla vite et loin, — plus loin que la ligne circulaire sur laquelle se fermait l’horizon de la Terre-Chaude. Derrière elle disparurent les premières assises de roches, puis la crête blanche des falaises, puis la cime du volcan, empanaché de vapeurs fuligineuses. Quelquefois, on s’arrêtait pour reprendre haleine, — un instant seulement, car il fallait craindre de se refroidir. Puis, on repartait, en gagnant du côté de l’île Gourbi, mais sans prétendre à l’atteindre, car, la nuit venue, on devrait songer au retour.

Le soleil s’abaissait déjà vers l’est, ou plutôt, — effet auquel les Galliens s’étaient déjà accoutumés, — il semblait tomber rapidement. Ces couchers de l’astre radieux se faisaient dans des conditions particulières sur cet horizon rétréci. Nulle vapeur ne se colorait de ces admirables nuances que donnent les derniers rayons. L’œil même, à travers cette mer congelée, ne pouvait percevoir ce dernier jet de lumière verte qui s’élance à travers la surface liquide. Ici, le soleil, s’élargissant sous la réfraction, présentait un disque nettement arrêté à sa circonférence. Il disparaissait brusquement comme si quelque trappe se fût subitement ouverte dans le champ de glace, et la nuit se faisait aussitôt.

Avant la chute du jour, le capitaine Servadac rassembla tout son monde et recommanda à ses compagnons de se grouper autour de lui. On était allé « en tirailleurs », il fallait revenir en peloton serré, ne point