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effet, ils n’avaient pas été forcés d’emprunter à un volcan la chaleur de ses laves pour l’approprier aux besoins de la vie. Leur réserve de charbon et de vivres était très-abondante. Ni la nourriture, ni le combustible n’avaient dû leur manquer. Le poste qu’ils occupaient, solidement casematé, avec ses épais murs de pierre, les avait évidemment protégés contre les plus forts abaissements de la température. Bien chauffés, ils n’avaient pas eu froid ; bien nourris, ils n’avaient pas eu faim, et leurs vêtements ne pouvaient qu’être devenus trop étroits. Le brigadier Murphy et le major Oliphant avaient dû se porter les coups les plus savants sur le champ clos de l’échiquier. Il n’était donc douteux pour personne que les choses ne se fussent passées à Gibraltar convenablement et confortablement. En tout cas, l’Angleterre n’aurait que des éloges pour ces deux officiers et ces onze soldats, restés fidèlement à leur poste.

Le capitaine Servadac et ses compagnons, s’ils eussent été menacés de périr par le froid, eussent pu certainement se réfugier à l’îlot de Gibraltar. La pensée de le faire leur en était venue. Ils auraient, sans aucun doute, été reçus hospitalièrement sur cet îlot, bien que le premier accueil eût laissé à désirer. Les Anglais n’étaient pas hommes à abandonner leurs semblables sans leur prêter assistance. Aussi, en cas de nécessité absolue, les colons de la Terre-Chaude n’auraient-ils pas hésité à émigrer vers Gibraltar. Mais