Page:Verne - Hector Servadac, Tome 2.pdf/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne faisaient qu’imiter les quelques oiseaux, qui s’ébattaient dans l’air pour ne rentrer, qu’à la chute du jour.

Cette sorte de printemps, — est-il permis d’employer ce mot ? — eut une très-heureuse influence sur les habitants de Gallia. L’espoir, la confiance revenaient en eux. Pendant le jour, le disque du soleil se montrait plus agrandi sur l’horizon. Pendant la nuit, la terre paraissait grossir au milieu des immuables étoiles. On voyait le but, — il était loin encore ; — mais on le voyait. Ce n’était pourtant qu’un point dans l’espace.

Ce qui amena un jour Ben-Zouf à faire cette réflexion devant le capitaine Servadac et le comte Timascheff :

« En vérité, on ne me fera jamais croire que la butte Montmartre puisse tenir là dedans !

— Elle y tient, cependant, répondit le capitaine Servadac, et je compte bien que nous l’y retrouverons !

— Et moi donc, mon capitaine ! Mais, dites-moi, sans vous commander, si la comète de M. Rosette n’avait pas dû retourner à la terre, est-ce qu’il n’y aurait pas eu moyen de l’y obliger ?

— Non, mon ami, répondit le comte Timascheff. Aucune puissance humaine ne peut déranger la disposition géométrique de l’univers. Quel désordre, si chacun pouvait modifier la marche de sa planète ! Mais Dieu ne l’a pas voulu, et je crois qu’il a sagement fait. »