Page:Verne - Hector Servadac, Tome 2.pdf/236

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insu. Le souvenir de leur ancienne rivalité, si complètement oubliée pendant ces vingt-deux mois d’une existence commune, revenait peu à peu à leur esprit, et de leur esprit à leur cœur. En se retrouvant sur le globe terrestre, ces compagnons d’aventure ne redeviendraient-ils pas les rivaux d’autrefois ? Pour avoir été Gallien, on n’en est pas moins homme. Mme de L… était peut-être libre encore, — et, même, c’eût été lui faire injure que d’en douter !…

Enfin, de tout cela, volontairement ou non, il était résulté une certaine froideur entre le comte et le capitaine. On a pu remarquer, d’ailleurs, qu’il n’y avait jamais eu entre eux une réelle intimité, mais seulement cette amitié qui devait résulter des circonstances dans lesquelles ils se trouvaient.

Ceci dit, voici quel était le projet du capitaine Servadac, — projet qui eût peut-être créé entre le comte Timascheff et lui une rivalité nouvelle. C’est pourquoi il avait voulu le tenir secret.

Ce projet, — il faut en convenir, — était bien digne du cerveau fantaisiste dans lequel il avait pris naissance.

On sait que les Anglais, rivés à leur roc, avaient continué d’occuper l’îlot de Gibraltar pour le compte de l’Angleterre. Ils avaient eu raison, si ce poste revenait à la terre dans de bonnes conditions. Au moins, l’occupation ne saurait leur en être disputée.

Or, en face de Gibraltar se dressait l’îlot de Ceuta.