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appuyée sur la Turquie, la patte droite sur le Caucase.

L’Autriche, un gros chat pelotonné sur lui-même et dormant d’un sommeil agité.

L’Espagne, déployée comme un pavillon au bout de l’Europe et dont le Portugal semble former le yacht.

La Turquie, un coq qui se rebiffe, se cramponnant d’une griffe au littoral asiatique, de l’autre étreignant la Grèce.

L’Italie, une botte élégante et fine qui semble jongler avec la Sicile, la Sardaigne et la Corse.

La Prusse, une hache formidable profondément enfoncée dans l’empire allemand et dont le tranchant effleure la France.

La France enfin, un torse vigoureux, avec Paris au cœur.

Oui, tout cela se voyait, se sentait. L’émotion était dans la poitrine de tous. Et cependant une note comique éclata au milieu de cette impression générale.

« Montmartre ! » s’écria Ben-Zouf.

Et il n’aurait pas fallu soutenir à l’ordonnance du capitaine Servadac qu’il ne pouvait apercevoir de si loin sa butte favorite !

Quant à Palmyrin Rosette, la tête penchée hors de la nacelle, il n’avait de regards que pour cette abandonnée Gallia, qui flottait à deux mille cinq cents mètres au-dessous de lui. Il ne voulait même pas voir cette terre qui le rappelait à elle, et il n’observait que sa