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Cinq minutes trente-cinq secondes six dixièmes encore, et les deux astres se heurteraient !… Ils étaient à moins de huit mille lieues l’un de l’autre.

Le lieutenant Procope observa alors que la comète suivait une direction un peu oblique à la terre. Les deux mobiles ne couraient pas sur la même ligne. Cependant, on devait croire qu’il y aurait arrêt subit et complet de la comète, et non pas un simple effleurement, comme cela s’était effectué deux ans auparavant. Si Gallia ne choquait pas normalement le globe terrestre, néanmoins, semblait-il, « elle s’y collerait vivement, » dit Ben-Zouf.

Enfin, si aucun des passagers de la nacelle ne devait survivre à cette rencontre, si la montgolfière, prise dans les remous atmosphériques au moment où se fusionneraient les deux atmosphères, était déchirée et précipitée sur le sol, si aucun de ces Galliens ne devait revenir parmi ses semblables, tout souvenir d’eux-mêmes, de leur passage sur la comète, de leur pérégrination dans le monde solaire, allait-il donc être à jamais anéanti ?

Non ! le capitaine Servadac eut une idée. Il déchira une feuille de son carnet. Sur cette feuille, il inscrivit le nom de la comète, celui des parcelles enlevées au globe terrestre, les noms de ses compagnons, et le tout, il le signa du sien.

Puis, il demanda à Nina le pigeon voyageur qu’elle tenait pressé sur sa poitrine.