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HIER ET DEMAIN.

entendant toujours cette septième diminuée, torturante et interminable…

J’arrivai à l’église. Je vis tout le monde à sa place habituelle, ma mère, M. et Mme Clère, ma chère petite Betty, bien emmitouflée, car il faisait très froid. La cloche bourdonnait encore derrière les abat-sons du clocher, et je pus en entendre les dernières volées.

M. le Curé, vêtu de ses ornements des grandes fêtes, arriva devant l’autel, attendant que l’orgue fit retentir une marche triomphale.

Quelle surprise ! au lieu de lancer les majestueux accords qui doivent précéder l’Introït, l’orgue se taisait. Rien ! Pas une note !

Le bedeau monta jusqu’à la tribune… Maître Effarane n’était pas là. On le chercha. Vainement. Disparu, l’organiste. Disparu, le souffleur. Furieux sans doute de n’avoir pu réussir à installer son jeu de voix enfantines, il avait quitté l’église, puis la bourgade, sans réclamer son dû, et, de fait, on ne le vit jamais reparaître à Kalfermatt.

Je n’en fus pas fâché, je l’avoue, mes enfants, car, dans la compagnie de cet étrange personnage, loin d’en être quitte pour un rêve, je serais devenu fou à mettre dans un cabanon !

Et, s’il était devenu fou, M. Ré-dièze n’aurait pu, dix ans plus tard, épouser