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LA DESTINÉE DE JEAN MORÉNAS.

En ce moment, une heure sonna. L’adjudant salua M. Bernardon et se rendit à son poste.

Les forçats sortaient alors du bagne, les uns seuls, les autres accouplés deux à deux, sous la surveillance des gardes-chiourme. Bientôt le port retentit du bruit des voix, du choc des fers, des menaces des argousins.

Dans le parc d’artillerie, où le hasard le conduisit, M. Bernardon trouva affiché le code pénal de la chiourme :

« Sera puni de mort tout condamné qui frappera un agent, qui tuera son camarade, qui se révoltera ou provoquera une révolte. Sera puni de trois ans de double chaîne, le condamné à vie qui aura tenté de s’évader ; de trois ans de prolongation de peine, le condamné à temps qui aura commis le même crime, et d’une prolongation déterminée par un jugement, tout forçat qui volera une somme au-dessus de cinq francs.

« Sera puni de la bastonnade tout condamné qui aura brisé ses fers ou employé un moyen quelconque pour s’évader, sur lequel il sera trouvé des travestissements, qui volera une somme au-dessous de cinq francs, qui s’enivrera, qui jouera à des jeux de hasard, qui fumera dans le port, qui vendra ou dégradera ses hardes, qui écrira sans permission, sur lequel il sera trouvé une somme au-dessus de dix francs, qui battra son