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M. RÉ-DIÈZE ET Mlle MI-BÉMOL.

— Allons, Monsieur Eglisak ?… répétèrent les autres garçonnets et fillettes.

— Non, mes enfants. Vous ne connaîtrez ma fugue que lorsqu’elle sera achevée…

— Et quand le sera-t-elle ? demandai-je.

— Jamais. »

On se regarda, et lui de sourire finement.

« Une fugue n’est jamais achevée, nous dit-il. On peut toujours y ajouter de nouvelles parties. »

Donc, nous n’avions point entendu la fameuse fugue du profane Eglisak ; mais il avait pour nous mis en musique l’hymne de saint Jean-Baptiste, vous savez ce psaume en vers, dont Gui d’Arrezo a pris les premières syllabes pour désigner les notes de la gamme :

Ut queant laxis
Resonare fibris
Mira gestorum
Famuli tuorum,
Solve polluti,
Labii reatum,
Sancte Joannes.

Le Si n’existait pas à l’époque de Gui d’Arezzo. Ce fut en 1026 seulement qu’un certain Guido compléta la gamme par l’adjonction de la note sensible, et m’est avis qu’il a bien fait.

Vraiment, quand nous chantions ce psaume, on serait venu de loin, rien que pour l’entendre. Quant à ce qu’ils signifiaient, ces mots bizarres, personne ne le