Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/103

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taille fut terrible. « Il y mourut tant d’hommes de part et d’autre, que c’était une merveille. » Mais Kublaï-Khan fut vainqueur, et Naïan, en sa qualité de prince du sang royal, étroitement cousu vivant dans un tapis, mourut ainsi au milieu d’atroces souffrances.

Après sa victoire, l’empereur rentra triomphant dans sa capitale du Cathay, nommée Cambaluc, qui est devenue peu à peu la ville actuelle de Péking. Marco Polo, arrivé dans cette ville, dut y faire un assez long séjour, jusqu’au moment où il fut chargé de diverses missions dans l’intérieur de l’empire. C’est à Cambaluc que s’élevait le magnifique palais de l’empereur, dont le voyageur vénitien fait la description suivante, que nous empruntons au texte, rapporté par M. Charton, et qui donnera une idée exacte de l’opulence de ces souverains mongols.

« En avant du palais est un grand mur carré dont chaque côté a un mille, ce qui fait quatre milles de tour ; il est moult gros, haut bien de dix pas, tout blanc et crénelé. À chaque coin de ce mur est un palais moult beau et moult riche, dans lequel sont conservés les harnais du grand khan : ses arcs, ses carquois, ses selles, les freins de ses chevaux, ses cordes d’arc, et toutes choses dont on a besoin à la guerre ; au milieu de chaque carré est encore un palais semblable à ceux des coins, si bien qu’il y en a huit en tout, et ces huit sont remplis des harnais du grand sire, de sorte que, dans chacun d’eux, il y a une espèce différente : dans l’un les arcs, dans l’autre les selles, et ainsi de suite.