Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/144

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décimée par la peste. L’horrible fléau dévorait jusqu’à « vingt-quatre mille » personnes par jour, s’il faut en croire le voyageur, et sans doute Damas eût été promptement dépeuplée sans l’intervention du ciel, qui, suivant lui, céda aux prières du peuple réuni dans cette mosquée vénérée, où se voit cette précieuse pierre qui conserve l’empreinte du pied de Moïse.

Le théologien arabe, en quittant Damas, se rendit à la ville de Meshed, où il visita le tombeau d’Ali. Ce tombeau attire un grand nombre de pèlerins paralytiques auxquels il suffit de passer une nuit en prières pour se guérir de leurs infirmités. Batuta ne paraît pas mettre en doute l’authenticité de ce miracle, qui est connu dans tout l’Orient sous la dénomination de « nuit du rétablissement. »

Après Meshed, Ibn Batuta, toujours infatigable et entraîné par son impérieux désir de voir, se rendit à Bassorah et s’enfonça dans le royaume d’Ispahan, puis dans la province de Shiraz, où il voulait s’entretenir avec le célèbre faiseur de miracles, Magd Oddin. De Shiraz il passa à Bagdad, à Tébriz, puis à Médine, où il pria sur le tombeau du prophète, et enfin à la Mecque, où il se reposa pendant trois ans.

On sait que de cette ville sainte partent incessamment des caravanes qui sillonnent tout le pays environnant. Ce fut en compagnie de quelques-uns de ces audacieux marchands que Ibn Batuta put visiter toutes les villes de l’Yémen. Il poussa sa reconnaissance jusqu’à Aden, à l’extrémité de la mer Rouge, et s’embarqua pour Zeïla,