Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/170

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gagnerait. Or, précisément, Jean de Béthencourt avait disposé ses affaires pour retourner en Espagne ; il proposa à Gadifer de l’accompagner, afin de « pourvoir à leur désaccord. » Gadifer accepta ; mais les deux rivaux ne firent point route ensemble, et, tandis que le baron partait sur son navire, Gadifer faisait voile sur le sien. Ils arrivèrent tous deux à Séville, et Gadifer fit ses réclamations ; mais le roi de Castille lui ayant donné tort et pleinement approuvé la conduite du baron de Béthencourt, Gadifer quitta l’Espagne, retourna en France, et ne revint plus jamais à ces Canaries qu’il avait espéré conquérir pour son propre compte.

Le baron de Béthencourt prit congé du roi presque aussitôt. L’administration de la colonie naissante réclamait impérieusement sa présence. Avant son départ, les habitants de Séville, qui l’aimaient beaucoup, lui firent maintes gracieusetés, et, ce qui était plus utile, ils l’approvisionnèrent d’armes, de vivres, d’or et d’argent.

Jean de Béthencourt arriva à l’île de Fortaventure, où il fut joyeusement accueilli par ses compagnons. En partant, Gadifer avait laissé en son lieu et place son bâtard Annibal, auquel le baron fit cependant bonne mine.

Les premiers jours de l’installation du baron de Béthencourt dans l’île furent marqués par des combats nombreux avec les Canariens, qui détruisirent même la forteresse de Richeroque, après avoir brûlé une chapelle et pillé les approvisionnements. Le baron les poursuivit avec vigueur, et finit par demeurer victorieux. Il manda