Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/207

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pas à cette grande figure de Christophe Colomb.

Quoi qu’il en soit, on murmurait à bord des caravelles, le fait n’est pas douteux, mais les équipages, relevés par les paroles de l’Amiral, par son énergique attitude en face de l’inconnu, ne se refusaient pas à la manœuvre.

Le 11 octobre, l’Amiral remarqua le long de sa caravelle un roseau encore vert, qui flottait sur une mer assez grosse. En même temps, l’équipage de la Pinta hissait à son bord un autre roseau, une planchette et un petit bâton qui paraissait avoir été taillé avec un instrument de fer. La main de l’homme avait évidemment laissé sa marque sur ces épaves. Presque au même moment, les hommes de la Nina apercevaient une branche d’épine à fleurs. Ce dont tous les esprits furent très-réjouis. On ne pouvait mettre en doute la proximité de la côte.

La nuit enveloppa alors la mer. La Pinta, la meilleure voilière de la flottille, tenait la tête. Déjà Christophe Colomb lui-même et un certain Rodrigo Sanchez, contrôleur de l’expédition, croyaient avoir observé une lumière qui se déplaçait dans les ombres de l’horizon, quand le matelot Rodrigo, de la Pinta, fit entendre ce cri : « Terre ! terre ! »

Que dut-il se passer à ce moment dans l’âme de Colomb ? Jamais homme, depuis l’apparition de la race humaine sur terre, éprouva-t-il une émotion comparable à celle que ressentit alors le grand navigateur ? Peut-être même est-il permis d’assurer que l’œil qui