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une province de l’Estramadure. Quelques femmes dont les matelots s’étaient emparés furent renvoyées à terre, après avoir été bien traitées sur le vaisseau-amiral. Christophe Colomb espérait que sa conduite envers ces Indiennes déciderait les Indiens à venir à son bord. Mais son espoir fut déçu.

Le 8 novembre, l’Amiral donna le signal du départ et fit voile avec toute son escadre vers l’île Espagnole, actuellement Saint-Domingue, sur laquelle il avait laissé trente-neuf compagnons de son premier voyage. En remontant au nord, il découvrit une grande île à laquelle les indigènes, qu’il avait gardés à bord après les avoir sauvés de la dent des Caraïbes, donnaient le nom de Madanino. Ils prétendaient qu’elle n’était habitée que par des femmes, et comme la relation de Marco Polo citait une contrée asiatique uniquement occupée par une population féminine, Christophe Colomb eut toutes les raisons de croire qu’il naviguait le long des côtes de l’Asie. L’Amiral désirait vivement explorer cette île, mais le vent contraire l’empêcha d’y atterrir.

A dix lieues au delà, on reconnut une autre île, entourée de hautes montagnes, qui fut nommée Montserrat, le lendemain, une seconde île à laquelle on donna le nom de Sainte-Marie-Rotonde, et, le jour suivant, deux autres îles, Saint-Martin et Sainte-Croix.

L’escadre mouilla devant Sainte-Croix pour y faire de l’eau. Là se passa une scène grave que Pierre Martyr raconte en des termes qu’il convient de