Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/249

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nouveler ses provisions d’eau et de bois. La côte semblait inhabitée, mais on y remarquait de nombreuses empreintes d’animaux qui devaient être des chèvres.

Le 2 août, un long canot, monté par vingt-quatre naturels, s’avança vers les bâtiments. Ces Indiens, d’une belle stature, plus blancs de peau que les indigènes de l’île Espagnole, portaient sur leur tête un turban fait d’une écharpe de coton aux couleurs vives, et autour du corps une petite jupe de même étoffe. On essaye de les attirer à bord en leur présentant des miroirs et des verroteries ; les matelots, pour leur inspirer plus de confiance, commencèrent même des danses joyeuses ; mais les naturels, effrayés par le bruit du tambourin qui leur parut une démonstration hostile, répondirent par une nuée de flèches et se dirigèrent vers une des caravelles ; là, un pilote essaya encore de les apprivoiser en se rendant au milieu d’eux ; mais bientôt le canot s’éloigna et ne reparut plus.

Christophe Colomb reprit alors la mer, et découvrit une nouvelle île qu’il nomma Gracia. Mais ce qu’il prenait pour une île, c’était réellement la côte américaine, c’étaient ces rivages du Vénézuéla qui forment le delta de l’Orénoque, entrecoupé par les branches multiples de ce fleuve. Ce jour-là, le continent américain fut véritablement découvert par Colomb, quoique à son insu, dans cette partie du Vénézuéla qui se nomme province du Cumana.

Entre cette côte et l’île de la Trinité, la mer forme un golfe dangereux, le golfe de Paria, dans lequel un navire