Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/253

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tait gouverneur d’Isabelle. Ainsi donc, par leur situation, les deux frères de Colomb résumaient en leurs mains toute l’administration de la colonie. Mais déjà beaucoup de mécontents s’agitaient et étaient prêts à se révolter contre leur autorité. Ce fut dans ces circonstances que l’Amiral arriva à Saint-Domingue. Il donna raison à ses frères, qui, d’ailleurs, avaient sagement administré, et il fit une proclamation pour rappeler à l’obéissance les Espagnols révoltés. Puis, le 18 octobre, il fit partir cinq vaisseaux pour l’Espagne, avec un officier chargé de faire connaître au roi les nouvelles découvertes et l’état de la colonie, mise en danger par les fauteurs de désordre.

En ce moment, les affaires de Christophe Colomb prenaient en Europe une mauvaise tournure. Depuis son départ, les calomnies n’avaient cessé de s’accumuler contre ses frères et lui. Quelques révoltés, chassés de la colonie, dénonçaient cette envahissante dynastie des Colomb, et ils excitaient la jalousie d’un monarque vain et ingrat. La reine elle-même, jusque-là fidèle protectrice du marin génois, fut outrée en voyant arriver sur les vaisseaux un convoi de trois cents Indiens arrachés à leur pays et traités en esclaves. Mais Isabelle ignorait qu’un pareil abus de la force s’était accompli à l’insu de Colomb et pendant son absence. L’Amiral n’en fut pas moins jugé responsable, et pour connaître de sa conduite, la cour envoya à l’île Espagnole un commandeur de Calatrava, nommé François de Bovadilla, auquel furent donnés les titres d’intendant de justice et de gou-