Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par son fanatisme religieux et ses cruautés épouvantables. Il entra alors, après six journées de marche, dans la ville corassane de Cheburgan, la cité par excellence, où les melons sont plus doux que le miel, et dans la noble cité de Balac, située vers les sources de l’Oxus. Puis, à travers un pays où les lions ne sont pas rares, il arriva à Taïkan, vaste marché au sel qui attire un grand nombre de trafiquants, et à Scasem ; c’est le Kashem de Marsden, le Kishin ou Krisin de Hiouen Tsang, que sir H. Rawlinson a identifié avec la colline de Kharesm du Zend Avesta, que quelques commentateurs croient être la moderne Coundouz. Dans cette contrée, on rencontrait beaucoup de porcs-épics, et quand on les chassait, dit Marco Polo, ces animaux, s’accolant tous ensemble, lançaient contre les chiens les épines qu’ils ont sur le dos et sur les côtés. On sait maintenant ce qu’il faut penser de cette prétendue faculté défensive du porc-épic.

Les voyageurs entrèrent alors sur le territoire montagneux de Balacian, dont les rois se prétendent issus d’Alexandre le Grand, contrée froide, qui produit de bons chevaux, grands coureurs, des faucons bien volants et toute espèce de gibier. Là existent des mines de rubis-balais, que le roi exploite à son profit dans une montagne appelée Sighinan, et sur laquelle personne ne peut mettre le pied sous peine de mort. On récolte aussi en d’autres lieux du minerai d’argent et beaucoup de pierres avec lesquelles on fait « l’azur le plus fin du monde », c’est-à-dire le lapis-lazuli. Marco Polo a dû