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KÉRABAN-LE-TÊTU.

donc sa sieste, le nonchalant gardien de la tour du Séraskierat, à l’exemple de son collègue de la tour de Galata, tous deux chargés d’épier les débuts d’incendie si fréquents dans la ville ? En vérité, il n’était pas jusqu’au mouvement perpétuel du port, qui ne parût quelque peu enrayé, malgré la flottille de steamers autrichiens, français, anglais, de mouches, de caïques, de chaloupes à vapeur, qui se pressent aux abords des ponts et au large des maisons, dont les eaux de la Corne-d’Or baignent la base.

Était-ce donc là cette Constantinople tant vantée, ce rêve de l’Orient réalisé par la volonté des Constantin et des Mahomet II ? Voilà ce que se demandaient les deux étrangers qui erraient sur la place ; et, s’ils ne répondaient pas à cette question, ce n’était pas faute de connaître la langue du pays. Ils savaient le turc très suffisamment : l’un, parce qu’il l’employait depuis vingt ans dans sa correspondance commerciale ; l’autre, pour avoir souvent servi de secrétaire à son maître, bien qu’il ne fût près de lui qu’en qualité de domestique.

C’étaient deux Hollandais, originaires de Rotterdam, Jan Van Mitten et son valet Bruno, qu’une