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KÉRABAN-LE-TÊTU.

permis de traverser la baie d’Odessa. Sa chaîne la maintenait à moins d’une encâblure du rivage, et elle se balançait doucement sur les dernières lames, qui venaient mourir au pied de l’habitation. Le pavillon turc, — une étamine rouge avec un croissant d’argent, — flottait à l’extrémité de son antenne.

« Peux-tu lire son nom ? demanda Amasia à Nedjeb.

— Oui, répondit la jeune fille. Voyez ! Elle se présente par l’arrière. Son nom est Guïdare. »

La Guïdare, en effet, capitaine Yarhud, venait de mouiller en cette partie de la baie. Mais il ne semblait pas qu’elle dût y séjourner longtemps, car ses voiles ne furent point serrées, et un marin aurait reconnu qu’elle restait en appareillage.

« Vraiment, dit Nedjeb, ce serait délicieux de se promener sur cette jolie tartane, par une mer bien bleue, avec un peu de vent, qui la ferait incliner sous ses grandes ailes blanches ! »

Puis, grâce à la mobilité de son imagination, la jeune Zingare, apercevant un coffret, déposé sur une petite table en laque de Chine, près du divan, alla l’ouvrir et en tira quelques bijoux.

« Et ces belles choses que le seigneur Ahmet a