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KÉRABAN-LE-TÊTU.

à Odessa, pour le prier de fixer à une date plus rapprochée la célébration de notre mariage ! Je lui ai répété qu’il était un oncle barbare…

— Bien ! s’écria Nedjeb.

— Un oncle sans cœur, tout en étant le meilleur des hommes !…

— Oh ! fit Nedjeb, en secouant la tête.

— Un oncle sans entrailles, tout en étant un père pour son neveu !… Mais il m’a répondu que, pourvu qu’il arrivât avant six semaines, on ne pouvait rien lui demander de plus !

— Il nous faudra donc attendre son bon vouloir Ahmet !

— Attendre, Amasia, attendre !… répondit Ahmet ! Ce sont autant de jours de bonheur qu’il nous vole !

— Et on arrête des voleurs, oui ! des voleurs, qui n’ont jamais fait pis ! s’écria Nedjeb, en frappant du pied.

— Que voulez-vous ? reprit Ahmet. J’essayerai encore d’attendrir mon oncle Kéraban. Si demain il n’a pas répondu à ma lettre, je pars pour Constantinople, et…

— Non, cher Ahmet, répondit Amasia, qui saisit la main du jeune homme, comme si elle