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KÉRABAN-LE-TÊTU.

il ne voudrait pas célébrer dans le plus bref délai le mariage d’Amasia et d’Ahmet. Or, Amasia, femme d’Ahmet, ne serait plus la jeune fille qu’attendait le palais du seigneur Saffar !

Oui ! le capitaine Yarhud se sentit tout soudainement poussé à quelque coup de force. C’était bien dans sa nature brutale, qui ne connaissait aucun ménagement. Au surplus, les circonstances étaient propices, le vent favorable pour se dégager des passes. La tartane serait en pleine mer, avant qu’on eût pu songer à la poursuivre, au cas où la disparition de la jeune fille se fût subitement ébruitée. Certainement, Ahmet absent, si Amasia et Nedjeb seules eussent rendu visite à la Guïdare, Yarhud n’aurait pas hésité à se mettre en appareillage et à prendre la mer, dès que les deux jeunes filles, sans défiance, auraient été occupées à faire un choix dans la cargaison. Il eût été facile de les retenir prisonnières dans l’entrepont, d’étouffer leurs cris, jusqu’au sortir de la baie. Ahmet présent, c’était plus difficile, non impossible cependant. Quant à se débarrasser plus tard de ce jeune homme, si énergique qu’il fût, même au prix d’un meurtre, cela n’était pas pour gêner le capitaine de la Guïdare. Le meurtre serait porté sur la note, et le rapt