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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« Et notre mariage, monsieur Kéraban ? dit la jeune fille, en lui prenant la main.

— Ton mariage, Amasia ? répondit Kéraban, il ne sera en aucune façon reculé. Il faut qu’il soit fait avant la fin du mois prochain !… Eh bien, il le sera !… Mon voyage ne le retardera pas d’un jour… à la condition que je parte, sans perdre un instant ! »

Ainsi tombait cet échafaudage d’espérances que tous avaient édifié sur l’arrivée inattendue du seigneur Kéraban. Le mariage ne serait pas hâté, mais il ne serait pas reculé non plus ! disait-il. Eh ! qui pouvait en répondre ? Comment prévoir les éventualités d’un si long et si pénible voyage, fait dans ces conditions ?

Ahmet ne put retenir un mouvement de dépit, que son oncle ne vit pas, heureusement, — pas plus qu’il n’aperçut le nuage qui obscurcit le front d’Amasia, — pas plus qu’il n’entendit Nedjeb murmurer :

« Ah ! le vilain oncle !

— D’ailleurs, ajouta celui-ci du ton d’un homme qui fait une proposition à laquelle il n’est pas d’objection possible, d’ailleurs, je compte bien qu’Ahmet m’accompagnera !