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KÉRABAN-LE-TÊTU.

quin, mais c’était un coquin qui tenait à faire honneur à ses engagements. De là, son projet d’opérer sans perdre un seul instant.

Les circonstances ne devaient que trop le servir. En effet, vers le soir, avant même que son père fût revenu de la maison de banque, Amasia rentra dans la galerie. Elle était seule, cette fois. Sans attendre que la nuit fût complète, la jeune fille voulait revoir encore une fois ce lointain panorama de falaises qui fermait l’horizon dans le nord. C’était par là que s’en allait tout son cœur. Elle reprit donc cette place, à laquelle elle reviendrait souvent, sans doute, elle s’accouda sur la balustrade, et demeura pensive, ayant dans les yeux un de ces regards qui vont au delà du possible, et qu’aucune distance ne peut arrêter.

Mais aussi, perdue dans ses réflexions, Amasia n’aperçut pas une embarcation qui se détachait de la Guïdare, déjà à peine visible dans l’ombre. Elle ne la vit pas s’approcher sans bruit, longer en les contournant les degrés de la terrasse, et s’arrêter aux premières marches que baignaient les eaux de la baie.

Cependant, Yarhud, suivi de trois matelots, s’était glissé en rampant sur les gradins.