Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 1.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

186
KÉRABAN-LE-TÊTU.

de la petite anse qui bordait les murs de la villa.

Mais, si rapidement qu’eut été fait ce coup de force, il avait éveillé l’attention de quelques serviteurs, occupés dans les jardins.

L’un d’eux avait entendu le cri poussé par Amasia : il donna aussitôt l’alarme.

À ce moment, le banquier Sélim rentrait à son habitation. Il fut mis au courant de ce qui venait de se passer. Dans une angoisse dont il ne pouvait se rendre compte, il chercha sa fille… Sa fille avait disparu.

Mais, en voyant la tartane évoluer pour doubler l’extrémité sud de la petite anse, Sélim comprit tout. Il courut, à travers les jardins, vers une pointe que devait raser d’assez près la Guïdare, afin d’éviter les dernières roches du littoral.

« Misérables ! criait-il. On enlève ma fille ! ma fille ! Amasia ! Arrêtez-les !… arrêtez !… »

Un coup de feu, parti du pont de la Guïdare, fut l’unique réponse à son appel.

Sélim tomba frappé d’une balle à l’épaule.

Un instant après, la tartane, toutes voiles dessus, enlevée par la fraîche brise du soir, avait disparu au large de l’habitation.