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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« Que tout soit prêt ! Dans une heure, les jeûneurs afflueront, et on ne saura à qui entendre ! »

Puis les deux étrangers reprenaient leur conversation, en disant :

« Je ne sais, mais il me semble que Constantinople est plus curieuse à observer pendant cette période du Ramadan ! Si la journée y est triste, maussade, lamentable, comme un mercredi des Cendres, les nuits y sont gaies, bruyantes, échevelées, comme un mardi de carnaval !

— En effet, c’est un contraste. »

Et pendant que tous deux échangeaient leurs observations, les Turcs les regardaient, non sans envie.

« Sont-ils heureux, ces étrangers ! disait l’un. Ils peuvent boire, manger et fumer, s’il leur plaît !

— Sans doute, répondait l’autre, mais ils ne trouveraient, en ce moment, ni un kébal de mouton, ni un pilaw de poulet au riz, ni une galette de baklava, pas même une tranche de pastèque ou de concombre…

— Parce qu’ils ignorent où sont les bons endroits ! Avec quelques piastres, on trouve toujours des vendeurs accommodants, qui ont reçu des dispenses de Mahomet !