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KÉRABAN-LE-TÊTU.

ques, dont la récolte est extrêmement abondante.

Il était neuf heures du soir, lorsque la chaise fit halte devant une auberge d’assez mince apparence. Mais, il faut en convenir, c’était encore la meilleure de l’endroit. En ces régions perdues de la Chersonèse, il ne convenait pas de se montrer trop difficile.

« Neveu Ahmet, dit le seigneur Kéraban, voilà plusieurs nuits et plusieurs jours que nous courons sans stationner ailleurs qu’aux relais de poste. Or, je ne serais pas fâché de m’étendre quelques heures dans un lit, fut-ce même dans un lit d’auberge.

— Et moi, j’en serais enchanté, ajouta Van Mitten, en se redressant sur les reins.

— Quoi ! perdre douze heures ! s’écria Ahmet. Douze heures sur un voyage de six semaines !

— Veux-tu que nous entamions une discussion à ce sujet ? demanda Kéraban, de ce ton quelque peu agressif qui lui allait si bien.

— Non, mon oncle, non ! répondit Ahmet. Du moment que vous avez besoin de repos…

— Oui ! j’en ai besoin, Van Mitten aussi, et Bruno, je suppose, et même Nizib, qui ne demandera pas mieux !