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KÉRABAN-LE-TÊTU.

dire un plat de pilaw, qui est toujours le mets national, mais avec plus de riz que de poulet et plus d’os de carcasse que de blancs d’ailes. En outre, ce volatile était si vieux, et, par suite, si dur, qu’il faillit résister à Kéraban lui-même ; mais les solides molaires de l’entêté personnage eurent raison de sa coriacité, et, en cette circonstance, il ne céda pas plus que d’habitude.

À ce plat réglementaire succéda une véritable terrine de yaourt ou lait caillé, qui arriva fort à propos pour faciliter la déglutition du pilaw ; puis, apparurent des galettes assez appétissantes, connues sous le nom de katlamas dans le pays.

Bruno et Nizib furent un peu moins bien, ou un peu plus mal partagés, comme on voudra, que leurs maîtres. Certes, leurs mâchoires auraient eu raison du plus récalcitrant des poulets ; mais ils n’eurent pas l’occasion de les exercer. Le pilaw fut remplacé sur leur table par une sorte de substance noirâtre, fumée comme une plaque de cheminée, après un long séjour au fond de l’âtre.

« Qu’est-ce que cela ? demanda Bruno.

— Je ne saurais le dire, répliqua Nizib.

— Comment, vous qui êtes du pays ?…