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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Tel fut le petit cours d’histoire que Van Mitten, pendant une demi-heure de halte, crut devoir faire à ses compagnons. Ce qui lui attira cette réponse de son ami Kéraban :

« Mithridate n’était qu’un maladroit !

— Et pourquoi ? demanda Van Mitten.

— S’il voulait s’empoisonner sérieusement, il n’avait qu’à aller dîner à notre auberge d’Arabat ! »

Là-dessus, le Hollandais ne crut pas devoir continuer l’éloge de l’époux de la belle Monime ; mais il se promit bien de visiter sa capitale, pendant les quelques heures qui lui seraient laissées.

La chaise traversa la ville, avec son singulier équipage, pour la plus grande surprise d’une population hybride, composée de juifs en très grand nombre, de Tatars, de Grecs et même de Russes, — en tout une douzaine de mille habitants.

Le premier soin d’Ahmet, en arrivant à l’Hôtel Constantin, fut de s’enquérir s’il pourrait se procurer des chevaux pour le lendemain matin. À son extrême satisfaction, ils ne manquaient point, cette fois, aux écuries de la maison de poste.

« Il est heureux, fit observer Kéraban, que le seigneur Saffar n’ait pas tout pris à ce relais ! »

Mais le peu endurant oncle d’Ahmet n’en garda