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KÉRABAN-LE-TÊTU.

La presqu’île de Kertsch est divisée par une longue tranchée, faite aux temps antiques, qu’on appelle le rempart d’Akos. La route, qui la suit en partie, est assez bonne depuis la ville jusqu’au lazaret ; puis, elle devient difficile et glissante, en descendant les pentes vers le littoral.

L’attelage ne put donc marcher très rapidement pendant la matinée, — ce qui permit à Van Mitten de prendre un aperçu plus complet de cette portion de la Chersonèse.

En somme, c’était la steppe russe, dans toute sa nudité. Quelques caravanes la traversaient et venaient chercher abri le long du rempart d’Akos, campant avec tout le pittoresque d’une halte orientale. D’innombrables khourghans couvraient la campagne et lui donnaient l’aspect peu récréatif d’un immense cimetière. C’étaient autant de tombeaux que les antiquaires avaient fouillés jusque dans leurs profondeurs, et dont les richesses, vases étrusques, pierres de cénotaphes, bijoux anciens, ornent maintenant les murs du temple et les salles du musée de Kertsch.

Vers midi, apparut à l’horizon une grosse tour carrée, flanquée de quatre tourelles : c’était le fort qui s’élève au nord de la bourgade d’Iénikalé.