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KÉRABAN-LE-TÊTU.

barquement, avait dit quelques mots, — le mot rouble plusieurs fois répété, — manœuvrèrent si adroitement, qu’ils se rendirent maîtres du bac.

Aussi, une heure après avoir quitté le quai d’Iénikalé, voyageurs, chevaux et voiture accostaient-ils l’extrémité de cette flèche méridionale, qui prend en russe le nom de Ioujnaïa-Kossa.

La chaise débarqua sans difficulté, et les mariniers reçurent un nombre respectable de roubles.

Autrefois, la flèche formait deux îles et une presqu’île, c’est-à-dire qu’elle était coupée en deux endroits par un chenal, et il eût été impossible de la traverser en voiture. Mais ces coupures sont comblées maintenant. Aussi, l’attelage put-il enlever d’un trait les quatre verstes qui séparent la pointe de la bourgade de Taman.

Une heure après, il faisait son entrée dans cette bourgade, et le seigneur Kéraban se contentait de dire, en regardant son neveu :

« Décidément, les eaux de la mer d’Azof et les eaux de la mer Noire ne font pas trop mauvais ménage dans le détroit d’Iénikalé ! »

Et ce fut tout, et plus jamais il ne fut question ni de la rivière du neveu Ahmet, ni du Pont-Euxin de l’ami Van Mitten.