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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Et Ahmet dut payer les quatre-vingts kopeks demandés.

Pour le kwass, tant ! pour les canards, tant ! pour le sel, oui ! pour le sel, tant !

Et Ahmet de s’exécuter.

Il n’y eut pas jusqu’à la nappe, jusqu’aux serviettes, jusqu’aux bancs qu’il fallut régler séparément et d’avance, même les couteaux, les verres, les cuillers, les fourchettes, les assiettes.

On le comprend, cela ne pouvait tarder à agacer le seigneur Kéraban, si bien qu’il finit par acheter en bloc les divers ustensiles nécessaires à son souper, mais non sans de vives objurgations, que l’hôtelier reçut, d’ailleurs, avec une impassibilité qui eût fait honneur à Van Mitten.

Puis, le repas acheté, Kéraban rétrocéda ces objets, qui lui furent repris avec cinquante pour cent de perte.

« Il est encore heureux qu’il ne vous fasse pas payer la digestion ! dit-il. Quel homme ! Il serait digne d’être ministre des finances de l’empire ottoman ! En voilà un qui saurait taxer chaque coup de rames des caïques du Bosphore ! »

Mais, on avait assez convenablement soupé, c’était l’important, ainsi que le fit observer Bruno,