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KÉRABAN-LE-TÊTU.

énorme loupe, qui venait de boursoufler le sol en un instant.

Kéraban fut renversé, et on put l’apercevoir se débattant à travers la flamme. C’en était fait de lui, s’il ne parvenait pas à se relever…

D’un bond, Ahmet se précipita au secours de son oncle. Il le saisit, avant que les gaz enflammés n’eussent pu l’atteindre. Il l’entraîna à demi suffoqué par les émanations de l’hydrogène.

« Mon oncle !… mon oncle ! » s’écriait-il.

Et tous, Van Mitten, Bruno, Nizib, après l’avoir porté sur le bord d’un talus, essayèrent de rendre un peu d’air à ses poumons.

Enfin, un « brum ! brum ! » vigoureux et de bon augure se fit entendre. La poitrine du solide Kéraban commença à s’abaisser et à se soulever par intervalles précipités, en chassant les gaz délétères qui l’emplissaient. Puis il respira longuement, il revint au sentiment, à la vie, et ses premières paroles furent celles-ci :

« Oseras-tu encore me soutenir, Ahmet, qu’il ne valait pas mieux faire le tour de la mer d’Azof ?

— Vous avez raison, mon oncle !

— Comme toujours, mon neveu, comme toujours ! »