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KÉRABAN-LE-TÊTU.

timent que vous, plus que nous peut-être, vous en aurez votre bonne part ! »

Les pressentiments de Bruno se réaliseraient-ils ? L’avenir devait l’apprendre. Quoi qu’il en soit, à prévenir son maître, il avait rempli son devoir de serviteur dévoué, et, puisque Van Mitten était résolu à continuer ce voyage, aussi absurde que fatigant, il n’avait plus qu’à le suivre.

Cette route littorale longe presque invariablement les contours de la mer Noire. Si elle s’en éloigne quelquefois, pour éviter un obstacle du terrain ou desservir quelque bourgade en arrière, ce n’est jamais que de quelques verstes au plus. Les dernières ramifications de la chaîne du Caucase, qui court alors presque parallèlement à la côte, viennent mourir à la lisière de ces rivages peu fréquentés. À l’horizon, dans l’est, se dessine, comme une arête à dents inégales qui mordent le ciel, cette cime éternellement neigeuse.

À une heure de l’après-midi, on commença à contourner la petite baie de Zèmes, à sept lieues de Rajewskaja, de manière à gagner, huit lieues plus loin, le village de Gelendzhik.

Ces bourgades, on le voit, sont peu éloignées les unes des autres.