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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Ces indigènes sont d’une belle race, reconnaissable à son élégance, à la beauté de ses formes, mais non à son costume, qui se confond avec celui du montagnard caucasien. Cependant, sous le haut bonnet fourré, il est encore facile de retrouver ces faces énergiques qu’une épaisse barbe recouvre jusqu’aux pommettes.

Lorsque le seigneur Kéraban, Ahmet et Van Mitten s’assirent a la table de l’auberge, on leur servit un repas dont les éléments avaient été pris au doukhan voisin, sorte d’échoppe où le charcutier, le boucher, l’épicier, se confondent le plus souvent en un seul et même industriel. Il y avait un dindon rôti, un de ces gâteaux de farine de maïs piqués de languettes d’un fromage de buffle, qui portent le nom de gatschapouri, l’inévitable plat national, le blini, sorte de crêpe au lait acide ; puis, pour boisson, quelques bouteilles d’une bière épaisse, et des flacons de vadka, eau-de-vie très forte, dont les Russes font une incroyable consommation.

Franchement, on ne pouvait exiger mieux dans l’auberge d’une petite bourgade perdue sur les extrêmes confins de la mer Noire, et, l’appétit aidant, les convives firent honneur à ce repas qui