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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Mitten. Il sera vêtu comme il l’était lorsqu’il est venu me voir là-bas, à l’autre bout de l’Europe, turban évasé, cafetan jonquille ou cannelle…

— Un marchand de dattes, quoi ! s’écria Bruno.

— Oui, mais un marchand de dattes qui pourrait vendre des dattes d’or … et même en manger à tous ses repas ! Voilà ! Il a fait le vrai commerce qui convienne à ce pays ! Négociant en tabac ! Et comment ne pas faire fortune dans une ville où tout le monde fume du matin au soir, et même du soir au matin ?

— Comment, on fume ? s’écria Bruno. Mais où voyez-vous donc ces gens qui fument, mon maître ? Personne ne fume, au contraire, personne ! Et moi qui m’attendais à rencontrer devant leur porte des groupes de Turcs, enroulés dans les serpentins de leurs narghilés, ou le long tuyau de cerisier à la main et le bouquin d’ambre à la bouche ! Mais non ! Pas même un cigare ! pas même une cigarette !

— C’est à n’y rien comprendre, Bruno, répondit Van Mitten, et, en vérité, les rues de Rotterdam sont plus enfumées de tabac que les rues de Constantinople !

— Ah ça ! mon maître, dit Bruno, êtes-vous sûr