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KÉRABAN-LE-TÊTU.

ou de Poti envoient de nombreux visiteurs aux casernes, construites près de l’ancienne forteresse, qui fut élevée au seizième siècle, sous le règne d’Amurah, époque de la domination ottomane.

Un repas, d’un menu très géorgien, composé d’une soupe aigre au bouillon de poule, d’un ragoût de viande farcie, assaisonné de lait acide au safran, — repas qui ne pouvait être que médiocrement apprécié par deux Turcs et un Hollandais, — précéda le départ, à neuf heures du matin.

Après avoir laissé en arrière la jolie bourgade de Kélasouri, bâtie dans l’ombreuse vallée de Kélassur, les voyageurs franchirent le Kodor à vingt-sept verstes de Soukhoum-Kalé. La chaise longea ensuite d’énormes futaies, que l’on pouvait comparer à de véritables forêts vierges, avec lianes inextricables, broussailles touffues, dont on n’a raison que par le fer ou le feu, et auxquelles ne manquent ni les serpents, ni les loups, ni les ours, ni les chacals, — un coin de l’Amérique tropicale, jeté sur le littoral de la mer Noire. Mais déjà la hache des exploitants se promène à travers ces forêts que tant de siècles ont respectées, et ces beaux arbres disparaîtront avant peu pour les