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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Leur premier mouvement fut de rejoindre le seigneur Kéraban et de lui mettre la main au collet. De là, protestation dudit Kéraban, intervention inutile de son neveu et de son ami, résistance plus violente du plus têtu des hommes, qui, après une contravention aux règlements de police des chemins de fer, menaçait d’empirer sa situation par une rébellion aux ordres de l’autorité.

On ne raisonne pas plus avec des Cosaques qu’avec des gendarmes. On ne leur résiste pas davantage. Quoiqu’il fît, le seigneur Kéraban, au comble de la fureur, fut emmené à la station de Sakario, pendant qu’Ahmet, Van Mitten, Bruno et Nizib restaient abasourdis devant leur chaise brisée.

« Nous voilà dans un joli embarras ! dit le Hollandais.

— Et mon oncle donc ! répondit Ahmet. Nous ne pouvons pourtant par l’abandonner ! »

Vingt minutes après, le train de Tiflis, descendant sur Poti, passait devant eux. Ils regardèrent…

À la fenêtre d’un compartiment, apparaissait la tête ébouriffée du seigneur Kéraban, rouge de fureur, les yeux injectés, hors de lui, non moins parce qu’il avait été arrêté que parce que, pour